Reflets …des désordres chroniques des transports publics: nécessité d’une restructuration en profondeur |
Écrit par Reflet |
Vendredi, 10 Janvier 2014 09:58 |
que toute cette population se déplace en permanence, et en l’état les taxi-be assurent un service indispensable alors qu’ils provoquent à la fois des nuisances tant pour la circulation que pour l’environnement. Ce mal nécessaire, les taxi-be, menacent pourtant d’atteindre le seuil de l’intolérable, d’autant que malgré une relative modicité de la tarification en pratique les usagers exercent une pression à connotation politique pour tenir en otage toute tentative de réajustement, ce qui gèle au même niveau toute velléité d’exiger une amélioration des prestations fournies par les taxi-be. Autre facteur qui ne favorise pas le désengorgement de la circulation, les automobilistes tant qu’ils en ont les moyens évitent de prendre les transports publics peu confortables et parfois désagréables. Les responsables publics ont conscience du retard pris par les transports publics. Présidents et maires ont successivement manifesté une volonté de les moderniser dans la capitale, ou tout au moins d’apporter une solution, en partie avant que circuler dans la capitale ne soit cauchemardesque, mais aussi pour offrir au million d’usagers quotidiens les moyens de se déplacer dans des conditions décentes et dans une logique fonctionnelle. Gérer les urgences, entreprendre pour demain Le secteur privé assure l’exploitation des transports urbains, s’agissant d’un service public les pouvoirs publics (ministère des transports et commune urbaine) en établissent les règles. Cette dualité (l’exploitation par le privé et l’organisation par les pouvoirs publics) crée une certaine confusion dans l’opinion. Le public ne fait pas nécessairement la part des responsabilités à chaque fois qu’apparaît un conflit entre les usagers et l’organisation des transports urbains. Les règles ne sont pas non plus bien définies notamment en ce qui concerne la tarification, qui, dans le silence du contrat d’exploitation matérialisé par l’octroi d’une licence, relève de la seule appréciation de l’exploitant. Seulement chez les exploitants eux-mêmes il y règne tout un enchevêtrement dans des liens qui se superposent d’une part entre les propriétaires des véhicules et la coopérative titulaire de l’exploitation d’une ligne de trajet d’une part, les coopératives entre elles sur une même ligne avec quelques nuances qui les démarquent parfois et l’ensemble des coopératives du faisceau urbain d’autre part, au tout s’ajoutent les relations existantes entre le tissu urbain et les liaisons de la zone suburbaine. L’établissement d’une tarification unitaire dans la réalité relève d’une gymnastique compliquée qui ne fait pas toujours l’unanimité des exploitants, alors que la défense de leurs intérêts communs les oblige à se regrouper comme dans tous corps d’activité ou de métier. Autant le faisceau des lignes de trajet tisse la ville sous l’apparence d’une toile d’araignée, autant les milliers de propriétaires de taxi-be ligués dans des centaines de coopératives donnent l’impression d’une organisation tentaculaire où apparaissent comme dans tout syndicat des règles de parrainage avec des relents de mandarinat, sans que cela ne prenne fatalement une couleur mafieuse comme la rumeur tend à le conclure de l’extérieur. S’agissant d’un service que l’on rend à un très large public, la gestion qui en est et à fortiori les conflits qui peuvent y apparaître prennent nécessairement une coloration politique. Par essence les transports publics relèvent du domaine de la responsabilité publique, l’octroi de l’exploitation à des privés prive en retour les pouvoirs publics de certaines prérogatives sans les exonérer de leur responsabilité. A cette fin ils établissent une série d’obligations à la charge des exploitants, obligations contenues dans le cahier de charges. Mais style de ne pas échapper à la règle, en ce domaine des transports urbains aussi, il est un fossé entre la théorie dans les bureaux et la pratique sur le terrain. La réalité ne permet pas toujours l’application de certaines dispositions écrites, aussi les prestataires tentent d’enfreindre même aux règles les plus basiques en prétendant que tout ce qui est écrit n’est pas obligatoirement faisable. Dans ce maquis entre règles et réalités, l’unanimité de l’opinion se fait à une religion : la nécessité de réorganiser ou même de repenser les transports urbains. Cependant apparaissent de suite des points de vue différents dans cette perspective, non seulement sur les projets à entreprendre mais sur la manière même d’appréhender la question. Entre les projets d’avenir et les cataplasmes plus populistes qu’efficaces, quand la politique politicienne s’en mêle les dérives phagocytent les visions à terme pour des projets d’une myopie caractérisée. Les petits plans d’accommodement opportuniste des petits génies Antananarivo possède des particularités propres à sa topographie et à son histoire. Le reconnaître en matière d’urbanisme constitue une base indispensable de travail. Penser les transports publics nécessite profondes réflexions et études sérieuses par des spécialistes de différentes disciplines. Malheureusement nombreux édiles qui se sont succédé, ont cru à chaque fois que leur accession à ces responsabilités les dote ipso facto d’une science infuse, style je suis là donc je sais tout. Autoproclamés spécialistes en tout souvent ils deviennent bons à rien, seulement ils s’accaparent de tout et particulièrement à faire les questions et à donner les réponses. S’agissant des transports publics, un tel a entendu parler ou a vu le retour à la solution tramway sous d’autres cieux et décrète le plan tramway à Antananarivo, un autre a éprouvé le béguin pour les school-bus aux States, tel autre préfère la magie chinoise des cars de moyenne dimension qu’il imagine adaptés aux rues étroites de la ville et aux surcharges de tradition. Le tramway désir a longtemps joué l’arlésienne, il a été même question de dons de wagons suisses mais dont les écarts aux essieux ne correspondaient pas aux écarts des rails existants, du reste le terme « tramway » relevait sinon d’une escroquerie du moins d’un fantasme, il ne s’agissait que de faire revivre un teuf-teuf de banlieue qui aurait si peu désengorgé de l’étouffement de la circulation. Bus américains ou cars chinois n’apporteraient pas plus une solution en dehors d’un projet qui nécessite de sérieuses études auparavant. Ni en ce qui concerne les transports publics, ni en quelque autre domaine, les questions n’attendent pas l’avènement d’un génie, elles nécessitent l’intervention d’une pensée qui sache rassembler et sensibiliser les compétences pour évaluer les moyens et les possibilités aux fins d’établir un projet d’avenir. Certes ça ne se réalise pas du jour au lendemain, et peut-être que la vision et la préparation de l’avenir intéressent davantage les « patriotes » que les politiciens, c’est sans doute dans cette nuance que se situe le problème du pays. La préparation du futur ne saurait en effet se faire au détriment du présent. Taxi-be, plaie pour la circulation, pensum pour le passager : un mal utile à plus d’un million d’usagers au quotidien Le confort est spartiate, encore que c’est un euphémisme que de le dire ainsi, mais le temps du trajet n’est pas nécessairement désagréable à qui sait apprécier le contact avec une population de toutes les catégories sociales. Il y règne parfois une ambiance de solidarité, comme si les passagers avaient le temps du trajet un sort lié, ne serait-ce qu’une sorte de complicité dans un sentiment d’égoïsme pas coupable pour autant, celui par exemple d’avoir eu la chance de s’être glissés à l’intérieur alors que nombreux à l’extérieur sont restés dans une longue file sous une pluie battante. Ce sentiment de solidarité se manifeste souvent par le fait que par réflexe les passagers se liguent généralement contre l’extérieur au moindre incident de circulation. Ils prennent cause et fait en faveur du conducteur de leur car, même si il arrive que celui-ci se conduise comme le pire des chauffards. Cette règle souffre de plus en plus d’exceptions quand une portion de route permet un excès de vitesse, il suffit qu’un voyageur ose dire tout haut sa désapprobation qu’il obtient de suite la solidarité des autres passagers. C’est que souvent le taxi-be presque comme un salon sert idéalement de lieu d’échanges où l’on se raconte et commente les actualités tant les faits divers que la chose politique. Ces discussions davantage animées que feutrées aident à supporter l’inconfort, mais à le subir deux fois par jour ou ça devient un pensum ou bien on s’en accommode. Le plus dur à supporter selon les habitués ce n’est pas tant cet inconfort, puisque d’après eux c’est le soulagement qui fait place à la pénibilité de l’attente dans les longues files en fin de journée autant que le matin pour aller au travail. Un autre problème tant des exploitants que des voyageurs, c’est la trop grande différence entre l’affluence aux heures de pointe et une faible fréquentation de la clientèle aux heures creuses. Dans la journée, pour obtenir au mieux une rentabilité de l’exploitation les receveurs de bus hèlent les voyageurs, alors qu’aux heures de pointe leur nombre ne suffit pas et les usagers doivent et patienter et se bousculer. Pléthore de taxi-be dans la circulation : insuffisance de places pour les usagers L’urgence à ce problème s’accentue chaque année en fonction de la croissance de la population urbaine. Pour nombreux travailleurs le retour chez soi chaque jour de la semaine devient à la longue un calvaire. Les attentes et la mêlée constituent par la répétitivité une épreuve plus harassante que le travail lui-même, sans compter le temps passé dans les embouteillages. Il n’existe pas des normes établies pour ce qui est tolérable, mais un bon nombre doit sinon se satisfaire du moins s’accommoder à ce qui a sans doute dépasser le seuil du supportable. Les automobilistes eux se plaignent de ce nombre en apparence excessif de taxi-be, sans évidemment avoir toujours aussi en conscience la pénibilité qu’endurent aussi les passagers des taxi-be. Comment trouver à défaut d’une harmonie utopique face à ces contradictions, au moins une solution pour réduire ces incommodités, telle devrait être une des préoccupations prioritaires des édiles. A supposer le nombre de prétendants qui vont se présenter à la conquête de la mairie on se plait à caresser l’idée que beaucoup de ces futurs candidats ont déjà réfléchi à la question et que certains ont en poche ou mieux dans leur programme des solutions à proposer. Une question demeure, comment exiger des exploitants une plus grande attention dans l’application de leurs cahiers de charges d’une part et d’autre part un réel respect du code de la route et de la bonne conduite par les conducteurs de taxi-be. La question des transports urbains ne peut pourtant se traiter de manière tout à fait isolée, elle est liée aux problèmes d’occupation des voies publiques, les parties réservées aux piétons et l’organisation de places de marché afin de libérer les rues déjà trop étroites et les rendre à leur vocation la marche des piétons sur les trottoirs et la circulation des véhicules sur la chausée.
Dossier réalisé par René Cyrille
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire