Valeur ajoutée : Besoin de favoriser la complémentarité des activités
Les relations commerciales ville-campagne n’ont jamais connu de rupture. En effet, même les producteurs des zones rurales orientent leurs productions agricoles, selon les besoins des villes. Et les campagnes les plus prospères sont celles qui sont les mieux reliées aux centres urbains. « Cette interdépendance ville-campagne mérite d’être mise en valeur en termes de stratégie de développement du pays. Quelques espaces de croissance identifiés dans le Schéma national d’aménagement du territoire sont, d’ailleurs, fondés sur l’exploitation de ces relations ville-campagne », a soutenu le directeur des Villes et de la Planification Territoriale, au sein de la VPDAT (Vice primature en charge du Développement et de l’Aménagement du Territoire). En effet, il s’agit de l’espace de croissance structuré autour du Lac Alaotra, de l’espace de croissance polarisé par Toamasina, de l’espace de croissance agropastorale de Menabe, et de l’espace de croissance basé sur le développement urbano-rural de la Haute Matsiatra.
Polarisateur. Bien que la sécurité alimentaire soit l’objectif premier de l’aménagement de ces espaces de croissance, il y est aussi important de favoriser la création de valeurs ajoutées, à travers la transformation industrielle des produits et la promotion du commerce intérieur et extérieur. Ainsi, les villes constituent les maillons forts de ce processus d’aménagement. Les villes sont les portes d’entrée et de diffusion des progrès techniques et technologiques. « A cet effet, il faut renforcer l’équipement des villes pour accentuer leur pouvoir attractif et étendre leur rayonnement au-delà de l’échelle locale. Cela concerne les services urbains et le volet juridique. Des actions ont déjà été menées par la DGAT dans ce sens », a expliqué le DG de l’Aménagement du Territoire, Tiana Randrianasoloarimina. Bref, le redressement urbain nécessite un financement important et une forte volonté politique. Souvent, les villes sont assimilées à des images négatives. mais il faut reconnaître que les opportunités sont plus importantes, si on ne cite que les avantages économiques.
Antsa R.
Développement urbain : Vers l’exploitation du capital humain
La population urbaine représente le tiers de la population malgache, d’après les données recueillies en 2012. En 2030, ce taux sera à 50 % selon les prévisions. Mais les activités économiques s’intensifient beaucoup plus vite dans les villes, selon Tiana Randrianasoloarimina, DG de l’Aménagement du Territoire (DGAT).
Les villes malgaches sont initialement bien structurées mais plus tard, leur extension s’est faite de manière désordonnée. De plus, la majorité d’entre elles est vulnérable aux catastrophes naturelles, engendrées par les aléas climatiques, surtout l’inondation et la sécheresse. Bref, la situation des villes malgaches est alarmante, la capacité d’accueil des villes ne suit pas sa propre croissance démographique, d’où la prolifération des bidonvilles. 78 % de la population y vivaient en 2007. Ceci n’est autre que l’image de la pauvreté elle-même par la précarité du cadre et des conditions de vie de la population. Mais les villes disposent également d’importants potentiels en capital humain, dont l’exploitation est indispensable pour un développement économique.
Participative. 35 % de la population sont pauvres en milieu urbain contre 62,1 % en zones rurales. Cette situation favorise l’attractivité des villes. En effet, si auparavant la population malgache vivait de la production rurale et surtout agricole, celle-ci se tourne progressivement vers des activités urbaines, plus industrielles et plus commerciales. En 2010, le taux d’activité entre le milieu urbain et le milieu rural était le même. Suivant cette tendance, la croissance urbaine est un levier de première importance pour le développement économique et un enjeu majeur pour l’aménagement du territoire, a soutenu le DGAT. « C’est pourquoi, la Direction Générale de l’Aménagement du Territoire envisage de mettre en place la Politique Nationale Urbaine pour encadrer l’avenir des villes. Cette politique permettra alors le renforcement du réseau urbain, comprenant 4 catégories de villes à savoir la métropole nationale, les métropoles régionales, les villes moyennes et les petites villes. Cette politique définira les objectifs, les stratégies et les moyens adaptés aux différentes situations et contextes », a-t-il informé. De telle ambition nécessite une approche participative et inclusive. Plusieurs programmes et projets ont d’ailleurs déjà été initiés par cette direction de la vice-primature, dans ce sens.
Antsa R.
Un nouveau PDS pour Tana
Le président de la République a dirigé hier son troisième conseil des ministres au Palais d’ Iavoloha depuis son accession au pouvoir. L’occasion n’aura pas encore été propice pour nommer le Premier ministre chef du gouvernement de la quatrième République attendu. Omer Beriziky , Premier ministre de la Transition devra par conséquent continuer à gérer les affaires courantes jusqu’à la nomination de son successeur. Bien qu’il fasse partie des pressentis pour lui succéder, le Président de la République ne veut guère tomber dans la précipitation dans le choix des compétences qui doivent l’entourer. Surtout s’agissant du chef du gouvernement. Mais comme, on l’a vu, lors du premier et second conseil des ministres, une fois que les options sont fixés, tout va très vite au point de surprendre le public sur la maturité des décisions prises.
Un nouveau PDS pour Tana
Au titre du conseil des ministres d’hier, la nomination de Ny Hasina Andriamanjato comme PDS de la Commune d’Antananarivo. La ville en piteuse état a besoin de quelqu’un de son autorité gestionnaire pour refaire peau neuve. Le choix surprend mais il s’inscrit dans la logique d’ouverture politique du Président de la République. Le ministre des Forces armées est désigné pour assurer l’intérim du ministère des Télécommunications et des Technologies nouvelles. Autre décision, le limogeage d’Augustin Andriamananoro à la tête de l’Omert. L’intérim qu’il a assuré depuis 2010 prend fin suite à la décision du conseil des ministres de s’en remettre au Conseil d’administration de Artec pour le choix de son nouveau directeur général. Le conseil des ministres a aussi comblé le vide laissé par Jean Max Rakotomamonjy élu député de Madagascar au sommet du ministère du Tourisme en nommant Ramanantsoa Benjamina, ministre des Transports pour en assurer l’intérim. Le volet économique a aussi eu la part belle au cours de ce conseil avec les projets du fonds d’intervention sociale d’Ambatovy, la création de cent fermes aviaires à Moramanga , et les travaux d’extension du port de Toamasina. Sinon, quelques distorsions contribuent encore à ralentir les bonnes initiatives du président de la République. A l’Assemblée, la majorité n’est pas stable mais à géométrie variable. La PMP conteste fortement les élections des membres du Bureau Permanent et a déposé une plainte devant le Conseil d’ Etat. Entre le Mapar et la PMP qui devraient constituer une majorité parlementaire pour soutenir le président de la République, les divergences ne prédisent rien de rassurant en vue de la constitution d’une équipe gouvernementale solide et efficace. Un véritable meneur d’hommes ayant beaucoup d’expérience managériale devient réellement indispensable à la tête du gouvernement. Le « parachutage » d’un non averti à cette fonction, comme il a souvent été le cas par le passé, pourrait créer plus de problèmes qu’il n’en existe déjà. Mais quoi qu’il en soit, Président de la République et Premier ministre doivent être au même diapason pour assurer le succès de la politique générale de l’Etat à mettre en œuvre.
Zo Rakotoseheno
Ordures ménagères : Reprise des rythmes d’enlèvement
Après une courte période de perturbation, le rythme d’enlèvement des ordures ménagères dans la ville d’Antananarivo peut désormais reprendre sa cadence d’avant. En raison d’une panne de la structure de broyage des déchets à la décharge d’Andralanitra, en effet, l’enlèvement des ordures a connu un certain retard dans de nombreux bacs de la capitale, causant un retour à l’amoncellement des déchets ménagers dans les quartiers. Selon le secrétaire général de la commune urbaine d’Antananarivo (CUA), cette structure est à nouveau en état de marche et le ramassage des ordures peut se poursuivre. Cependant, le nombre actuel des camions destinés à l’enlèvement des déchets ne permet pas de couvrir l’ensemble des 337 bacs de la capitale. Moins du tiers sont vidés tous les jours, soit 90 bacs et 24 camions sont chargés du ramassage, la vingtaine d’engins de la CUA étant tous hors service.
Et pourtant, dans certains quartiers tananariviens, les bacs débordaient moins et les montagnes de déchets, disparues de certains quartiers. Une aide apportée par la présidence de la République a permis de doter la CUA de moyens pour gérer le problème d’entassement des déchets. Cependant, les équipements et les engins du parc de la CUA ne sont pas encore en nombre suffisant pour venir à bout du problème. Du côté des usagers, le respect des horaires de sortie des poubelles devrait être observé. L’heure de la répression est peut-être venue, commence-t-on à entendre, la sensibilisation étant restée vaine.
Hanitra R.
Développement territorial : Restructuration territoriale indispensable, pour une relance économique
Avec ses partenaires techniques et financiers, Madagascar s’est toujours concentré sur le développement rural. Cette démarche n’a jamais réussi, car les objectifs escomptés n’ont pas été atteints. Il faut reconnaître que des imperfections doivent être corrigées dans la structure territoriale de l’économie nationale.
Plusieurs raisons ont été citées comme cause de la défaillance des stratégies de développement, qui, a priori, semblaient toutes prometteuses. Mais la structure territoriale est évoquée rarement, alors qu’il s’agit, pour les spécialistes d’un paramètre déterminant. Dans la Grande Ile, même les villes sont des éléments du territoire encore mal connus et mal valorisés. Même les statistiques sont insuffisantes, dans la détermination des villes, dans l’optique administrative. En effet, 79 Communes ont aujourd’hui le statut de Commune urbaine. Mais les études réalisées dans l’élaboration du SNAT (Schéma national d’aménagement du territoire) réalisé l’année dernière, ainsi que dans l’Atlas urbain à l’occasion du 1er Forum national Urbain de mars 2013 ont indiqué 150 centres urbains à Madagascar.
Inadéquate. Les stratégies de développement proposées par les dirigeants qui se sont succédé depuis l’indépendance ont leurs points communs. Des ressemblances qui traduisent certainement une rationalité de leurs concepteurs. Mais pourquoi ces politiques n’ont pas fonctionné comme prévu ? Pour le directeur général de l’Aménagement du Territoire (DGAT), Tiana Randrianasoloarimina, c’est parce que le pays a toujours gardé la structure coloniale dans l’armature urbaine nationale. Cette structure a pourtant été conçue pour servir les intérêts des colons. A plus d’un demi-siècle d’indépendance, cette structure n’a pas encore changé et on réclame toujours la refondation du pays, après plusieurs crises. « A l’aube de l’indépendance, chaque pays remodèle sa structure économique pour l’intérêt du pays. Pour Madagascar, cette étape a perduré depuis plus de 54 ans. Il faut régler une bonne fois pour toute cette restructuration », a soutenu le DGAT.
Démographiques. Durant la colonisation, les produits de Madagascar étaient exportés à l’état brut, pour être valorisés en Europe. Aujourd’hui, presque tous nos produits d’exportation ne contiennent toujours pas de valeur ajoutée. En effet, les productions dans les zones rurales se poursuivent, mais la défaillance se situe surtout dans le secteur secondaire et tertiaire. Les activités de transformation et de services qui sont génératrices de valeurs ajoutées sont plus florissantes dans les villes, si l’on se réfère aux pays développés. C’est d’ailleurs ces activités qui font d’une zone, une ville. Malheureusement, les villes malgaches sont, avant tout, des agglomérations démographiques avec un niveau d’équipement faible, et des fonctions banales sans rapport avec la masse de la population. De plus, le dynamisme est souvent basé sur des activités urbaines traditionnelles comme l’administration, la fonction portuaire pour le cas des villes côtières, le commerce élémentaire qui n’induit aucune création de valeur, etc. La majorité de cette population qui travaille dans le secteur privé opère dans l’informel.
Corrélation. Avec le bilan de ces cinq décennies, on peut dire qu’une corrélation existe entre les échecs récurrents du développement rural et les faibles épanouissements des centres urbains, et vice versa. Le problème territorial du pays est un problème structurel ou conjoncturel ? Il est bien manifeste qu’il s’agit d’un problème conjoncturel, ainsi la réponse devrait être structurelle. « Il serait judicieux de développer notre territoire national, régional en misant un effort particulier sur nos villes. Donnons aux villes les moyens qu’il faut pour qu’elles puissent nous servir comme pôle structurant. Investir dans une partie des finances dans les villes devrait permettre un accroissement du PIB », a affirmé le DGAT. Bref, la négligence de certains secteurs comme le secteur urbain a handicapé la croissance de l’économie malgache. Cette imperfection doit être corrigée pour être plus efficient dans les stratégies à venir. Nous en reparlerons…
Antsa R.
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